CONTEXTE ET PHILOSOPHIE DU CONCEPT DE TIERS-LIEU CULTUREL
L’accès à la culture et le développement de l’éducation artistique pour tous constituent un enjeu démocratique fondamental en termes de citoyenneté, de développement de l’esprit critique et d’expression identitaire.
Mais en dépit des efforts réalisés en faveur de la démocratisation culturelle et de l’accroissement de l’offre, l’accès aux œuvres et à la pratique artistique reste l’apanage d’une minorité. On constate en effet que le développement de l’offre culturelle tant au niveau de la diversité que de la « couverture » territoriale, n’est pas ou peu corrélé à un accroissement significatif des pratiques (CF les études des Pratiques culturelles des Français du ministère de la culture et de la communication)
Par ailleurs, l’accès à la culture est soumis à de cloisonnements porteurs d’inégalité.
Cloisonnement des approches : le développement important des pratiques artistiques en amateur depuis plusieurs années, ne permet cependant pas de dépasser la frontière symbolique de la rencontre avec l’œuvre ; tout se passe comme si la pratique amateur restait « la culture du pauvre » portée par les associations, et la fréquentation culturelle, incarnée par les institutions culturelles, une pratique réservée à une minorité de privilégiés.
Cloisonnements des publics : la mise en place d’un programme d’éducation artistique par le ministère de l’éducation nationale présente des efforts sensibles pour les enfants et les jeunes au sein de l’école ou de l’université. Parallèlement le ministère de la culture porte une attention particulière à la promotion culturelle et à la pratique artistique « hors les murs », c’est-à-dire dans les institutions où la culture n’entre généralement pas, comme les hôpitaux, les prisons, les entreprises… mais qu’en est –il des personnes, jeunes ou vieilles, rurales ou urbaines qui n’appartiennent à aucune de ces catégories ou institutions. ?
Et pourquoi, si l’on s’accorde sur l’intérêt de la culture à l’école ou à l’université, ne pas élargir de tels efforts à tout parcours d’apprentissage, qu’il soir initial ou continu et revendiquer selon les mêmes principes la place de la culture dans les processus de formation professionnelle ?
Malgré la volonté d’ouverture affirmée par de nombreux acteurs, il reste à construire l’événement d’une véritable démocratie culturelle selon les principes de l’éducation populaire.
Peuple et Culture en tant que mouvement associatif appuie ses principes sur l’approche globale de la personne, la transversalité, la volonté de croiser les approches, les publics, les disciplines, les modes d’intervention en proximité avec les personnes, sur un territoire donné. Le développement de démarches capables de contribuer à la démocratie culturelle se situe au cœur de son projet associatif.
L’idée de Tiers Lieu Culture au sens d’un espace dans un autre espace est apparue comme une forme de réponse susceptible d’articuler un ensemble d’activités en toute synergie.
« Le concept de Tiers Lieu fait référence au Tiers instruit de Michel Serres. Pour le philosophe, l’apprentissage est associé au voyage (dont Peuple et Culture à une longue pratique à travers les échanges internationaux) Il donne comme exemple la traversé d’une rivière ce qui s’y joue, se tient précisément dans l’intervalle, dans un espace mouvant et incertain entre deux rives. » *
L’idée centrale pour i.PEICC Peuple et Culture porte sur la notion d’altérité, d’ailleurs et d’ouverture. Donner forme à un tel espace impliquait que chacun des acteurs concernés (animateurs, formateurs, artistes) abandonne son territoire, lâche sa rive, pour se retrouver avec les autres sur un nouveau territoire virtuel ou physique – au milieu de la rivière-caractérisé par le mouvement et l’instabilité.
L’idée a fait son chemin avant d’aboutir à la forme de Tiers Lieu Culturel » qui se nourrit de ces références premières tout en intégrant de nouvelles réalités et préoccupations.
Le tiers Lieu Culturel est un espace culture spécifique inscrit dans une association dont la vocation première et l’activité dominante ne sont pas culturelles.
Le cadre s’organise autour de trois pôles
►Des ateliers de pratique artistique animés par des intervenants artistiques (arts plastiques, écriture, photographie, musique, théâtre, danse, architecture,)
►Des actions de médiation et de diffusion culturelles à travers l’organisation en son sein et /ou à travers des manifestations (expositions, lectures publiques, rencontres avec des artistes, des équipements, organisation de débats.)
►Un pôle ressources culturelles permettant l’accès à des informations, à des formations, et à l’accompagnement de porteurs de projets culturels.
Cet espace est ouvert à tous publics, les publics « réguliers » de l’association mais également des publics extérieurs : il s’adresse à des publics dits « éloignés » des structures culturelles traditionnelles.
Ce lieu est un espace de proximité dans un territoire au sein duquel il assume une fonction de passerelle (interface, échanges, confrontations,) entre des structures (équipements culturels, structures socioculturelles, structures sociales), des personnes (artistes, participants et professionnels de l’animation, de la formation, du travail social) des pôles d’activités (action culturelle, échanges internationaux ou autres activités)
Le tiers Lieu Culturel n’est pas enfermé dans des contours géographiques et thématiques figés mais il est au contraire doté d’une structuration souple et évolutive lui assurant une capacité d’innovation, de mouvement et d’ouverture.