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Témoignages et réflexions sur l’évolution sociale de la Paillade, un quartier populaire

Témoignages et réflexions sur l’évolution sociale de la Paillade, un quartier populaire

Témoignages et réflexions sur l’évolution sociale de la Paillade, un quartier populaire


Durant le mois de décembre, un arpentage et une rencontre littéraire ont eu lieu. Ces deux temps de rencontre étaient ouverts à tous·tes et ont permis aux participant·es de partager leurs réflexions portant principalement sur l’éducation, le milieu social et la mixité, et ouvrant la voie à des échanges enrichissants, en présence d’une figure emblématique du quartier de la Paillade.

Henri Quatrefages, instituteur à la retraite résidant à la Paillade depuis plus de 40 ans, est une référence engagée pour une éducation populaire forte. Représentant de l’UFOLEP, 1ère fédération sportive multisports affinitaire de France, l’émancipation de l’individu via la culture, le loisir et l’éducation est au cœur de son engagement.

A l’écoute des habitants du quartier, il est l’auteur d’un essai intitulé Coïncidences, dans lequel il y porte son regard. Dans cette continuité, il a donné la parole à certain·es de ses ancien·es élèves de l’époque qui sont aujourd’hui devenus ses ami·es, afin de mettre en lumière leurs récits de vie. Ces échanges ont conduit au récit Quartier intime, qui rassemble douze témoignages de femmes et d’hommes issus du quartier de la Paillade.

A cette occasion, un arpentage a été organisé le 12 décembre 2024 au sein de l’i.PEICC, en présence d'Henri Quatrefages en tant qu’auteur, mais également en tant qu’ancien instituteur. Il a pu témoigner de l’évolution de la profession, en congruence avec l'éducation de façon générale. Des échanges spécifiques avec les participant·es. en ont découlé : au sujet du système scolaire, de la diversité des classes scolaires et de l'accompagnement.

S'inscrivant dans cette dynamique, d’autres sujets sociétaux ont émergé en lien avec la vie professionnelle, sociale et avec l’impact des évolutions récentes.

Travailler et vivre au quartier : Une réalité complexe

Une approche commune s’est établie en analysant les tendances de l’époque et en les confrontant à la réalité d'aujourd'hui.

La question de la distinction entre vie professionnelle et personnelle a été particulièrement discutée. Pour certain·es participant·es, il est apparu qu’auparavant, le travail était plus aisément séparé de la vie quotidienne. Henri Quatrefages, ancien maître d'école de quartier, a partagé son expérience personnelle, soulignant que sa proximité avec son lieu de travail contribuait à la nature authentique des relations qu'il entretenait avec ses élèves et leur famille.

Une comparaison a été établie avec la société actuelle, qui n'a plus les mêmes besoins face à cette problématique.

Les évolutions technologiques, facteur de changements sociétaux 

Aujourd’hui, il devient parfois difficile de faire cohabiter les espaces professionnel et personnel, notamment en raison des évolutions technologiques et de nouvelles attentes : le “choc des générations” est un sujet qui a rapidement été amené par la suite. Il a été question de la manière dont les générations perçoivent le rapport au temps et l’influence des technologies désormais omniprésentes dans notre société. 

Les discussions se sont ensuite orientées vers des réflexions plus larges sur la réussite sociale et les modèles qui la façonnent…

Les “exceptions consolantes” : Une réalité à nuancer

Afin de poursuivre, Henri Quatrefages a exploré le phénomène de ce qu’il nomme les "exceptions consolantes" : ces figures de réussite issues de milieux populaires qui parviennent à s’extraire de leur condition sociale. Bien que ces exemples soient motivants, l’auteur a souligné qu’ils ne doivent pas être considérés comme représentatifs de la majorité. Ces parcours de réussite, bien que rares, ne doivent pas occulter les inégalités structurelles qui perdurent dans la société.

Cette discussion a alimenté un débat sur la pression sociale pour réussir et sur le choix d’être soi-même sans se conformer à un modèle unique de réussite. C’est cette philosophie que l’auteur souhaite maintenir à l’esprit lorsqu’il présente le fond de son récit.

 


Sur cette lancée, une rencontre littéraire a été organisée la semaine suivante en collaboration avec l’association Esprit Libre, toujours avec la présence de l’auteur et de l’un des témoins du récit : Boumé Benali. Ce fut la continuité des échanges établis lors de l’arpentage, mais avec de nouveaux regards.

L’évolution du quartier et la mixité sociale

« Pour élever un enfant, il faut tout un village », suivi de la réflexion « Pour connaître le village, il faut être parti du village ». Ces proverbes africains illustrent le lien entre l’origine, l'ouverture d'esprit et le retour aux racines. Après avoir quitté son quartier pour Paris, Boumé est revenu à la Paillade. Son père ayant participé à la construction du quartier, il a pu observer et témoigner concrètement de son évolution et des nouvelles dynamiques.

La question de la mixité dans le quartier a été soulevée : comment maintenir cette diversité sociale face aux mutations urbaines et éviter la gentrification ? En effet, l'augmentation des loyers risque de déplacer les habitants originaux.

La place de l’éducation : Clé de l’égalité des chances ? 

Cette problématique du logement et de la mixité trouve un prolongement direct dans l’éducation. Si l’école est souvent perçue comme un moyen de sortir de la précarité, certain·es participant·es ont exprimé leurs doutes quant à son efficacité réelle dans le contexte de quartiers populaires. Les inégalités d’accès à une éducation de qualité demeurent, et la question de savoir si l’éducation peut réellement être un levier d’égalité des chances a été largement débattue.

Plusieurs participantes, mères de famille, ont établi un consensus : les jeunes des quartiers populaires, souvent issu·es de familles modestes, se retrouvent confronté·es à un manque d’outils pour s'orienter scolairement, qu’il s’agisse d’accès à la culture, de ressources éducatives ou d'orientation. La stigmatisation de certaines origines, notamment la langue arabe, ajoute à ces difficultés, exacerbant les inégalités scolaires. 

Les échanges ont donc mis en évidence les interconnexions entre l'évolution des quartiers populaires, le marché du logement, la mixité sociale et l'accès égalitaire à l'éducation.

Ces thématiques sont toutes liées par un même défi : celui de garantir à chaque individu, quel que soit son milieu d'origine, les moyens de s'épanouir et de réussir dans un environnement souvent inégalitaire.

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Association de Jeunesse et d’Éducation populaire

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