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Les coulisses du rideau rouge #2

Les coulisses du rideau rouge #2

 

Tout commence par une séance d’essayage de costumes à la Costumotek, séance décrite dans l’article d’Emma, volontaire en service civique sur le pôle bidonvilles de l’i.PEICC.

Cette séance permet à plusieurs jeunes filles de Bonnier de la Mosson et Celleneuve, de se découvrir dans un autre habit, de se valoriser, de se voir en photo en étant dans la peau d’un autre personnage.

C., jeune fille de 9 ans, a choisi de se déguiser en tutu et ballerines, elle se trouve très belle ainsi. D, jeune fille de 11 ans, se vêtit d’une belle robe blanche avec une écharpe de fourrure rose, elle se met dans la peau d’une femme riche des années 60.

Elles reviennent quelques jours plus tard à la Costumotek, pour fabriquer un cadre, au sein duquel elles disposeront leur photo, qu’elles pourront fièrement ramener chez elles. Scotch, paillettes, perles, fleurs, et autres accessoires sont disposés pour mettre en valeur ces jolis portraits. Ce jour-là, Perrine [gérante de la Costumotek] propose aux jeunes filles intéressées, si elles souhaitent défiler avec leurs costumes, dans le cadre de l’événement du 8 mars organisé par la Maison Pour Tous Léo Lagrange (journée internationale des droits des femmes).

Nos deux jeunes filles acceptent avec grand plaisir. Leurs parents donnent leur accord, et souhaitent venir observer le défilé. Malheureusement, l’événement étant soumis au passe sanitaire, ils ne pourront pas y participer.

 

Le jour venu, Justine (animatrice) et Emma (volontaire service civique) vont chercher les jeunes filles sur le platz après l’école. Elles sont prêtes et enchantées de se diriger vers le spectacle. Un peu d’adrénaline monte avant cet événement qui est une toute première pour elles : mettre les pieds sur une scène, devant une salle remplie.

L’événement mettant à l’honneur les femmes, s’appelle « mon rêve de femme » et souhaite valoriser les participantes, en sensibilisant à la création. De nombreuses femmes sont concernées par ce défilé. Celles suivies par le dispositif FEE (Femmes Egalités Emploi) du CDIFF 34, en passant par GESTARE, et bien d’autres. Dans les coulisses, avant le passage sur scène, C. et D. discutent avec les dames, échangent de bons conseils anti-stress avant de monter sur la scène.

Tout à coup, une jolie mélodie de piano se fait entendre. C’est à elles de passer sur scène. Elles sont accompagnées par une dame déguisée en mariée. D’un pas timide, elles se glissent derrière les pas de la mariée. Les secondes défilent et elles ne voient pas passer le moment. De retour dans les coulisses, elles sont pleines de joie et demandent « quand est-ce qu’on repasse ? ». Elles auront donc pris goût à ce beau moment de mise en lumière.

De retour sur le platz vers 20:00, nous remercions les familles de nous avoir accordé leur confiance, et leur montrons les photos et vidéos du défilé. C’est la première fois que nous raccompagnons les jeunes filles de nuit, sur leur lieu de vie. Une belle preuve de la relation de confiance grandissante avec les familles. La prochaine étape serait de pouvoir impliquer les parents directement.  

C’est en tout cas un très beau moment d’échange que les filles ont pu vivre, grâce à la Costumotek. Nous les remercions une nouvelle fois d’avoir pu les faire participer à ce projet. Un bel espace de valorisation de soi, et de mise en lumière de ces enfants, souvent très invisibilisés dans la société et même au sein du quartier.

Bravo à toutes ces filles et femmes !

Les petits fermiers à Lansargues

Les petits fermiers à Lansargues

Les petits fermiers à Lansargues

 

10h à Ipeicc, préparation des sandwiches pour la sortie au parc de loisirs avec sept enfants du platz de Celleneuve. On récupère le mini-bus sur le parking du marché Mosson où la vente bat son plein ce mardi 1er mars. Avec ma voiture, le bus est plein, je rejoins le platz. Nous entrons ensemble dans ce lieu inconnu de moi, que je longe souvent, lors de mes promenades pédestres. Comment être respectueuse de ce lieu qui est leur « maison », de ces personnes ballotées par la vie, du projet Ipeicc ? Emma, Justine et moi faisons le tour des espaces de vie des familles. Les enfants jouent entre les caravanes, parmi les flaques, les planches pourries, les rats. Ils jouent dans l’eau, sur un vélo, avec une poupée démembrée.

Comment pouvons-nous, citoyens qui combattons sans relâche pour les droits de l’humain, accepter que nos égaux vivent ainsi ? Les mamans entretiennent les intérieurs, les hommes travaillent ou trient des tas de ferraille pour aller glaner quelques euros à la déchetterie. Les enfants s’illuminent quand ils voient Justine qui leur parle de passer la journée dans un parc avec des animaux et des jeux, à 30 minutes de Montpellier. L’un d’eux sait sa maman partie faire des courses. Elle ne peut pas l’autoriser. Sa tristesse embrunit son beau visage. Les filles ne veulent pas des garçons. Justine parle avec les mamans, en roumain. Je l’admire. Connaître et pratiquer la langue des mamans est une clé magique.

L’un des garçons, les yeux chargés de sommeil, hésite puis accepte de venir avec nous, mais…il est trop âgé. L’après-midi, une activité crêpes sera animée au platz avec Mickaël qu’il connaît. Il est ok avec ce choix alternatif. Nous partons avec deux garçons et cinq filles entre 7 et 11 ans...

 

La journée est froide côté météo, chaude côté joie des enfants. Ils rient, courent, crient beaucoup, mangent un peu, veulent aller vite partout tout de suite, ne rien manquer. Caresser les chèvres, les ânes, écouter un cochon ronfler, admirer les oiseaux multicolores, distribuer les graines aux animaux, marcher dans un labyrinthe de verdure parsemé d’araignées et de serpents dont la surprenante vision les fait hurler puis rire ensemble, l’heure du goûter est là. Près d’un parcours aérien de cordes terminé par un toboggan en tunnel, la table de bois nous accueille pour un jus de fruit et des biscuits. Pause pipi avant les jeux gonflables. Ils elles partent en courant vers les toilettes  et reviennent au même rythme, excité.e.s de sauter dans le château de boudins. L’un d’eux revient et se love contre ma hanche. « Tout seul, j’étais perdu » dit-il très ému. Il était parti après les autres, s’est retrouvé seul, nous a cherché.e.s.  Je le rassure en entourant ses épaules de mes bras rassurants ; « et comme tu es un garçon intelligent, tu nous a retrouvé.e.s et nous voilà, on est tous là avec toi, tu en en sécurité maintenant, tout va bien ». Il s’assied à table, finit son goûter et repart au jeu. Quand on s’éloigne du groupe, on vérifie que tout le monde est bien là, ok ? Les grandes opinent du bonnet.